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Méditations sur le Carême par le Père Marminat :

Semaine Sainte : 

Les semaines se suivent et se ressemblent ! Et pourtant celle qui s’ouvre ce dimanche est pour les chrétiens une semaine particulière, à vivre différemment, intensément. 

La Semaine Sainte est "la grande semaine ", non parce qu’elle a plus de jours que les autres, ou parce que les jours sont composés d’un plus grand nombre d’heures, mais à cause de la grandeur et de la sainteté des mystères que l’on y célèbre", disait Saint Jean Chrysostome.

Dès lors, chaque jour de la Semaine Sainte est-il appelé Saint : Lundi Saint, Mardi Saint, Mercredi Saint, jours qui conduisent au Triduum pascal Jeudi Saint, Vendredi Saint et Dimanche de Pâques, la solennité des solennités, la plus grande fête du Christianisme.

La semaine sainte est cette grande semaine qui commence le dimanche des Rameaux pour atteindre son sommet lors de la veillée pascale. Une semaine pour accompagner le Christ dans son entrée à Jérusalem, au cours de son dernier repas, dans sa montée au Golgotha, dans l’attente de sa résurrection.

La Semaine sainte est un temps de grâce que le Seigneur nous donne pour ouvrir les portes de notre cœur, de notre vie, de nos paroisses, et pour sortir à la rencontre des autres, nous faire proches pour apporter la lumière et la joie de notre foi.

 

Le dimanche des Rameaux, porche d’entrée dans la Semaine sainte, commémore deux événements contrastés : l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem (avec la bénédiction des Rameaux) ; sa passion et sa mort sur la croix (avec la lecture de la Passion). Ainsi sont associés le triomphe et la souffrance, qui disent déjà le Christ mort et ressuscité.

 

La messe chrismale, célébrée le Jeudi saint au matin, mais aussi, souvent, anticipée par commodité, dans les jours précédents, comme, à Moulins, le Mardi saint à 18h, à la cathédrale. Elle réunit, dans chaque diocèse, autour de l’évêque, les prêtres, les diacres et les fidèles. Son nom vient de ce qu’au cours de la célébration, le Saint Chrême est consacré. Cette huile est utilisée pour les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’ordre : une onction symbolise l’imprégnation de l’Esprit pour ceux qui les reçoivent.
Durant cette célébration, deux autres huiles sont bénites : l’huile des catéchumènes qui servira lors des célébrations préparatoires au baptême pour les adultes et pour les enfants déjà grands, et l’huile des malades qu’on utilisera pour le sacrement des malades. Au cours de cette célébration, qui manifeste l’unité de l’Église diocésaine autour de son évêque, les prêtres sont invités à renouveler leurs promesses sacerdotales.

 

Le Jeudi saint, nous invite à découvrir notre vie comme offrande (l’eucharistie) et comme service (le lavement des pieds), à la manière même dont Jésus, Dieu fait homme, Parole faite notre chair, les vit dans son humanité. Dans la Cène, il propose de relire tout son agir, toute sa présence, tout son être, comme la présence de Dieu épousant notre humanité, comme lieux de révélation de la miséricorde, de la liberté, de la justice voulues par le Père pour chacun de ses enfants. Il fait monter l’action de grâce vers le Père, parce qu’il est venu jusque dans notre humanité à travers lui. De sorte que cela ne soit pas que mots et idéaux, il pose un geste, le lavement des pieds, en confiant à chacun de le poursuivre : « C’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi » (Jean 13, 15).

À la fin de la messe, le Saint-Sacrement est porté en procession jusqu’à un lieu appelé le reposoir. Ceux qui le souhaitent sont invités à venir y prier en silence pour s’associer à l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers. Une façon de veiller avec lui dans la nuit. On peut également lire à voix haute les dernières paroles du Christ à ses disciples (Jean 13,31 – 17,26). On ôte nappes et ornements de l’église et on voile croix et statues. A partir de là, les cloches se taisent jusqu’à Pâques.

 

Le Vendredi saint, nous faisons mémoire de cet accompagnement de Dieu en Christ, même là où nous ne pensions pas le trouver. Il est avec nous, même dans nos fragilités, dans nos peurs, dans nos blessures, dans toutes nos morts ! Il est venu emprunter le chemin de notre « humanité » parce que rien de ce qui participe de notre existence ne lui est indifférent et ainsi, par sa présence même là, tout peut trouver un sens et devenir un chemin de vie. Par sa présence, même là, il nous atteste que notre vie n’est pas une impasse, mais que notre nuit est tendue vers la lumière de son jour.

Ce jour-là, aucune messe n’est célébrée. L'Office de la Passion ou le Chemin de Croix nous permettent de revivre les événements de la Passion de Jésus et de réfléchir au sens de ces événements.

Lors de l’Office de la Croix, on lit le récit de la Passion et on propose aux fidèles de s’avancer pour vénérer la Croix en la touchant ou en l’embrassant. On peut recevoir la communion car des hosties, consacrées le Jeudi saint, ont été réservées à cet effet.

Une collecte pour la Terre sainte permet de rassembler des fonds pour les chrétiens du Moyen-Orient.

Le Vendredi saint est un jour de jeûne et d’abstinence.

 

Le Samedi saint est un jour de silence et d’attente. On ne célèbre ni baptême, ni mariage ce jour-là. La célébration de la résurrection commence le samedi soir à la Veillée Pascale.

La procession de la lumière permet aux fidèles d’entrer dans l’église, alors plongée dans l’obscurité, et le nouveau cierge pascal est allumé. La liturgie de la Parole rappelle toute l’histoire du Salut et les catéchumènes reçoivent le baptême. On retrouve avec bonheur l’Alléluia et le Gloria.

Les cloches des églises se remettent enfin à sonner.

 

Le dimanche de Pâques, la pierre roulée affirmera que la vie est plus forte que la mort (que nos morts), que la Parole n’est pas murée dans le silence, que l’espérance traverse nos existences pour ouvrir tout ce qui pourrait nous enfermer, pour briser toutes nos chaînes, pour fortifier tout ce qui a besoin de l’être. Le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité ! La journée de Pâques est joyeuse et la liturgie en est l’image vivante. La résurrection du Christ est un appel à la vie.

Le dimanche de Pâques inaugure le temps pascal qui dure cinquante jours et se clôt avec la Pentecôte.

 

Belle montée vers Pâques.

5ème semaine :

Il est surprenant qu'après tant d'années à entendre parler de miséricorde divine, source de paix, nous soyons encore si peu enclins à venir en profiter à travers le sacrement de réconciliation... Est-ce parce que nous ne pensons pas que nous pouvons trouver la paix et la joie en vivant ce sacrement ? Peut-être parce que nous avons oublié que le sacrement du pardon est un sacrement de guérison. En effet, lorsque nous allons nous confesser, c’est pour être guéri, pour guérir notre âme, guérir notre cœur de ce que nous avons fait et qui ne va pas, pour permettre de retrouver la paix et la joie. Or parfois nous avons peur ou nous préférons déclarer que nous n’avons pas besoin de pardon ou de paix et nous restons enfermés dans notre tristesse, notre colère ou notre amertume.

Pourtant, c'est ce sacrement qui, à travers l'expérience de notre péché et du pardon de Dieu, vient guérir en nous l'orgueil et la révolte contre Dieu. En effet, le sacrement du pardon, comme l'indique son nom, est le moyen que Dieu nous a donné à travers Jésus pour recevoir le pardon de nos péchés commis après le baptême. Mais il est aussi et peut-être surtout, un moyen de guérison de la blessure du péché originel qui nous fait douter de Dieu, car la paix de Dieu reçue dans le sacrement est essentiellement un baume guérisseur, la parole du pardon de nos fautes, de notre péché.

Il est donc indispensable pour que ce pardon soit efficace, que la confession soit un moment sincère de conversion, une occasion de faire la preuve de notre  confiance dans la volonté de Dieu de pardonner ses enfants, de les relever et de les remettre dans le droit chemin pour suivre Jésus, et répondre ainsi à notre vocation baptismale de devenir des saints.

Le pardon de Dieu est donc, d’abord et avant tout pour chacun de nous, une Bonne Nouvelle : Dieu nous dit que son amour est plus fort que tout, plus fort que nos ruptures, nos refus d’aimer, nos actes, nos pensées ou nos paroles qui blessent, jugent ou traitent, plus fort même que ce que nous n’arrivons pas à nous pardonner à nous-mêmes, ou à pardonner aux autres. Dieu fait toujours le premier pas parce qu’Il nous aime. N'oublions pas que ce n’est pas le péché qui est premier, c’est l’amour de Dieu. C’est l’amour de Dieu qui nous permet de voir notre péché. Jésus n’a pas cessé de nous faire découvrir le visage de l’amour de Dieu. C’est un Dieu qui pardonne à la femme adultère, à Zachée, au paralytique… Il redonne la vie, une vie pleine et entière, une vie relationnelle, spirituelle et même physique.

La confession est donc le moment où on dit à haute voix d’abord l’amour de Dieu puis ensuite ce que nous voulons qu’Il nous pardonne. C’est parce que nous croyons que Dieu nous aime que nous Lui demandons de nous pardonner nos pêchés. Nous croyons que Dieu nous veut du bien et qu’Il  peut nous donner sa paix parce qu’Il nous aime.

Il est donc indispensable de souligner avec vigueur l’enjeu de ce sacrement, qui consiste moins à établir une sorte de «catalogue» de toutes nos erreurs, nos fautes, nos errements, nos péchés, que de nous mettre d’abord en présence de l’Amour de Dieu, qui nous est toujours offert. Bien sûr, il nous faut passer par l’aveu de notre faiblesse, mais il est primordial que notre démarche soit d’abord celle qui consiste à faire la vérité sur cet Amour indicible qui nous est donné sans compter. C’est en nous mettant en présence de cet Amour que nous pouvons découvrir nos limites et nos failles. C'est pour cela que le sacrement du pardon est celui «de la Miséricorde». Il faut nous placer sous le signe de la joie du retour à la maison du Père, comme nous y invite la parabole du fils prodigue.

Le pape saint Jean Paul II à l'occasion de l'Année de la Miséricorde nous le rappelait : « Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde. Dans ces paraboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Évangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour, et qui console en pardonnant. » Misericordiae Vultus 9

Si le pardon suggère le «don» par excellence de la grâce divine, il serait regrettable que nous nous dispensions de cette expérience régulière à venir «faire la paix» avec Dieu, entre nous et en nous.

C’est seulement si nous nous laissons réconcilier dans le Seigneur Jésus avec le Père et avec nos frères que nous pouvons être vraiment dans la paix. Quand nous recevons le pardon du Seigneur, nous sommes en paix, avec cette paix de l’âme qui est si belle et que Lui seul peut donner.

Vous le voyez, nous n’en finissons pas d’explorer les richesses que nous avons reçues avec notre baptême. La célébration de la réconciliation et de la pénitence, ainsi que celle de l’Onction des malades, nous rappelle que, sur notre route, le Seigneur ne cesse de venir à notre rencontre pour nous affermir, nous encourager, nous soutenir et même, le cas échéant, nous relever pour que nous soyons des saints. En célébrant ces sacrements, nous participons au Mystère pascal, qui est le signe de ce «relèvement» auquel nous sommes appelés pour la vie éternelle.

 

4ème semaine :

Lorsque nous prions pour la paix, cela signifie aussi que nous nous engagions particulièrement dans le combat spirituel qui nous oppose au mal présent dans le monde, en chacun de nous et autour de nous.

Cela signifie accepter de regarder le mal en face et se disposer à lutter contre ses effets, en particulier contre ses causes, jusqu’à la cause ultime, qui est le diviseur.

Cela signifie ne pas décharger le problème du mal sur les autres, sur la société ou sur Dieu, comme le firent Adam et Eve, mais reconnaître ses propres responsabilités et les prendre consciemment en charge.

A ce propos, retentit de manière plus que jamais urgente, pour nous chrétiens, l’invitation de Jésus à se nourrir de la Parole de Dieu : « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4), à prendre chacun sa propre “croix” et à le suivre avec humilité et confiance.

La “croix”, pour autant qu’elle puisse être lourde, n’est pas synonyme de malchance, de malheur à éviter le plus possible, mais une opportunité pour se mettre à la suite du Christ et prendre ainsi des forces dans la lutte contre le péché et le mal.

Saint-Paul nous le rappelle dans la lettre aux Romains : « Si en effet à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus à cause de Jésus-Christ et de lui seul, régneront ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes » (Rm 5,17).

Prier pour la paix, signifie donc renouveler la décision personnelle et communautaire d’affronter le mal avec le Christ. La méditation de la Parole de Dieu conduit à la victoire de l’amour sur la haine, du partage sur l’égoïsme, de la paix sur la violence.

Vu ainsi, prier pour la paix est vraiment l’occasion d’un profond engagement ascétique et spirituel fondé sur la grâce du Christ, engagement qui nécessite un combat.

Car si Jésus apporte la paix, sa paix, il la donne depuis la Croix.

C’est une paix qui est celle de la réconciliation. Ce n’est pas une paix qui ferait l’économie de la justice et de la vérité. C’est une paix qui pardonne et qui pardonne à tous. Cette paix est un don gratuit offert au père comme au fils, à la mère comme à la fille, à ceux qui ont suivi tout de suite le Christ et aux autres.

Voilà l’urgence de la mission de Jésus : déposer sur la croix, cet amour si grand qu’il prend en charge tous nos refus, qu’il assume à l’avance toutes les divisions qu’il va révéler, afin de nous donner la paix, celle que nul ni personne ne pourra nous enlever. La paix du cœur. Celle qui nous rend capables d’unifier notre volonté, de réconcilier notre intériorité déchirée.

Il nous reste à l’accueillir pleinement ce chemin de guérison : laisser le Seigneur nous réconcilier intérieurement mais aussi les uns avec les autres.

C’est un long chemin, un dur combat spirituel et telle est peut-être l’épreuve que nous avons tous à endurer : accueillir la miséricorde du Père, en gardant « les yeux fixés sur Jésus. » Accepter d’être sauvés, guéris.

Jésus seul peut nous montrer le chemin de nos accomplissements humains.

Car si nous sommes habités par ce feu intérieur de l’amour, c’est afin de le transmettre à notre tour. C’est en regardant la vie de Jésus et celle de la foule des témoins qui nous entoure que notre désir grandira de faire quelque chose pour le Royaume, de témoigner de ce que la Miséricorde peut faire dans une vie : réconcilier ce qui était divisé.

Alors nous aussi, nous serons appelés à nous engager d’une manière ou d’une autre, à commencer par l’humble service du quotidien, pour que d’autres aient la vie et qu’ils l’aient en plénitude.

Que la lumière intérieure de l’Esprit vienne donc nous éclairer pour nous indiquer les voies de notre accomplissement, afin que nous découvrions comment nous aussi donner chaque jour notre vie par amour.

Continuons à prier pour la paix.

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3ème semaine 

En ce temps de carême, nous continuons à méditer sur la paix, sur l'urgence de la paix alors que la guerre fait rage en de multiples endroits de notre monde.

En effet, comment ne pas s’interroger, comme disciples de Jésus, sur l’urgence de trouver des moyens pour régler les conflits inévitables et construire une paix durable.

Le seul chemin qui ouvre un chemin de paix et celui de la conversion.

Il s’agit, individuellement et collectivement de se convertir, c’est-à-dire changer notre regard, nos habitudes, notre manière de nous comporter car nous avons des réflexes de peur de l’autre, de défense de nos intérêts personnels, de désir de prendre ce qui nous fait envie même par la force. Cette conversion doit commencer très tôt tant nous sommes construits au départ de la vie sur des habitudes de prédateurs, de conquête par la violence, d’utilisation de la force.

Savons-nous que nous sommes, pour une part, responsables ce qui arrive dans le monde, complices de ces violences chaque fois que nous nous laissons aller à la colère, que nous nous battons pour des bricoles. Nous devons réaliser que notre propre comportement annonce, s’apparente, prépare la violence que  nous dénonçons à juste titre par ailleurs.

Lorsque nous contemplons la vie de Jésus, nous voyons qu’il enseigne et qu’il pratique ce changement radical de nos comportements, seul chemin vers la paix. Ce changement s’appelle : aimer ses ennemis, pardonner à celui qui nous a meurtris, donner à celui qui nous demande… Quelles exigences, mais c’est le vrai chemin de la paix.

Attention, Jésus ne dit pas qu’il faut tout accepter, surtout lorsqu’il s’agit des autres, il convient de défendre les plus faibles, il convient de respecter la justice, mais Jésus nous rappelle que la violence ne peut qu’engendrer la violence et produire le malheur des hommes.

La vie de Jésus nous montre que le don de soi ouvre sur une véritable fraternité humaine. Il est l’expression la plus pure de l’amour.

En effet, une vie commune ne comporte-t-elle pas la solidarité, le don généreux de soi-même et la reconnaissance de tout ce que l’autre m’apporte ?

Mais l’exemple de Jésus nous invite à aller plus loin. Il nous dit les raisons profondes d’un comportement à la fois pleinement humain et chrétien.

La raison fondamentale est cette fraternité universelle que Jésus nous a révélée.

Une des raisons majeure qui nous pousse à construire la paix est le lien qui unit tous les êtres humains. En effet, nous sommes tous créés à la ressemblance de Dieu comme le dit le livre de la Genèse. Nous avons tous un Père dont l’amour gratuit anime tous les hommes, ses enfants bien aimés.

Lorsque je regarde l’autre quel qu’il soit, ma foi en Jésus me dit qu’il est comme un frère, aimé de Dieu.

Bien sûr il ne faut pas être naïfs et penser comme on dit que tout le monde est beau et gentil. Toutefois le Christ Jésus nous demande d’avoir un regard bienveillant sur l’autre, un regard qui ne soupçonne pas à priori la méchanceté ou la mauvaise foi même si celles-ci peuvent exister et fausser la relation. 

Construire la paix demande que l’on prenne le risque de la confiance comme Dieu lui-même prend le risque de nous faire confiance alors que nous avons des pulsions obscures qui font obstacles à la paix. 

Prions particulièrement en ce temps de carême l’Esprit Saint, pour qu'il nous transforme en sorte que nous devenions des artisans de paix, des bâtisseurs d’amour.

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2ème semaine

Le Carême est pour les chrétiens, un temps donné pour accomplir des gestes de paix. Atteindre la paix du cœur, un défi en ce temps de Carême.

Conversion et gestes de paix: ce sont les deux chemins que les chrétiens peuvent toujours parcourir dans leur vie et en particulier durant la période du Carême.

Le premier engagement spécifique en cette période de l’année liturgique est notre conversion, la volonté de surmonter ce qui nous fait rester esclaves de notre égoïsme et de nos mesquineries, prisonniers aussi d’une apathie qui risque de devenir habitude et qui nous empêche de voir et de partager les graves souffrances qui nous entourent et qui, souvent, sont très proches de nous.

Ensuite, il s’agit de susciter des gestes de paix et de consolider des situations de paix, dans la mesure même où elle se concentre sur ce qui la caractérise le plus: l’ouverture à Dieu, l’enseignement d’une fraternité universelle et la promotion d’une culture de la solidarité et le désir d’éduquer à la paix.

Et la paix doit avoir toujours la limpidité de la vérité; elle ne peut ni ne doit jamais se transformer en une simple façade qui cache le néant ou ne montre qu’une apparence mensongère; au contraire, elle doit être une victoire contre l’égoïsme qui bloque tous les dons et restreint tout horizon à une mesquinerie incapable de tenir compte des attentes des frères.

Les conflits dans le monde s’expliquent par les conflits intérieurs qui déchirent les hommes. « Commence en toi-même l’œuvre de paix, afin que, pacifié, tu puisses apporter la paix aux autres » écrivait saint Ambroise. La paix n’est pas seulement une absence de guerre, elle est une plénitude impossible à obtenir par nos propres forces. La paix avec Dieu, avec son prochain et avec soi-même forme un tout. Voilà pourquoi elle est avant tout un don de Dieu, le 3ème fruit de l’Esprit Saint qui accompagne la charité et la joie. Alors, si la paix est un don de Dieu à accueillir et à transmettre, pourquoi ne la goûtons-nous pas toujours, et sommes-nous parfois artisans de guerres ? Parce que la paix ne peut demeurer en nous qu’à certaines conditions, notamment celles que Jésus a énumérées au moment de l’envoi en mission : la foi, l’espérance et la charité.

Pour commencer, la paix s’enracine dans la foi. Le premier ennemi de la paix, c’est la peur. Or la foi est synonyme de confiance, qui s’oppose à toutes les formes de peur.

Peur de l’adversité. Peur de la pauvreté.

Ensuite, la paix s’enracine dans l’Espérance. La déprime engendrée par l’absence de sens est comme un marécage dans lequel notre âme s’embourbe, et qui s’oppose à la paix. C’est pourquoi les disciples doivent annoncer à tous la Bonne Nouvelle,

L’Espérance est source d’une joie immense. Après avoir promis la paix à Jérusalem, le prophète Isaïe ajoute : « Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit ». La Jérusalem céleste est le symbole du règne de Dieu annoncé par les disciples.

Enfin, la paix s’enracine dans la charité. La haine, le mépris, l’indifférence… tuent la paix et génèrent des guerres.

La véritable réponse au drame du monde, c’est la sainteté. La sainteté, c’est vivre les Béatitudes, c’est donner sa vie comme le Christ par amour, donner sa vie pour engendrer l’amour.

En ce temps de Carême, chacun de nous qui croyons au Christ, sommes appelés à témoigner de l’espérance qui jaillit de sa mort et de sa résurrection. Nous croyons que par sa Passion, sa mort et sa résurrection, Jésus a aimé l’humanité jusqu’à l’extrême et que cet amour manifeste l’amour de Dieu pour le Père, pour tous les hommes.

Par sa mort, il a uni la souffrance à l’amour, l’amour qui crée le Bien en le tirant même du Mal. La Croix devient la source de la vie. Nous croyons que la victoire du Christ est déjà advenue et elle est définitive. Il en découle que nous pouvons nous placer face à la méchanceté humaine dans une attitude de confiance fondamentale qui vient de la foi.

Un chrétien doit regarder le monde à travers le mystère de la Rédemption.

Pendant ce carême, profitons pour vivre davantage dans la foi, l’espérance et la charité. C’est ainsi que nous pourrons goûter la béatitude des artisans de paix, en la vivant en nous-mêmes et en la communiquant à ceux que nous rencontrerons.

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1ère semaine

L’Église nous invite à entrer avec foi et générosité dans l’esprit du Carême afin que nous soyons vraiment ce que nous sommes fondamentalement depuis notre baptême, à savoir enfants de Dieu. 
Par son Enseignement et sa vie, le Christ nous a révélé ce qui constitue sa mission : Il n’est venu parmi nous que pour faire la volonté de Son Père. A sa suite, nous disons : « Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. »

Le Carême est donc le moment favorable pour intensifier la vie de l’esprit grâce aux moyens que l’Eglise nous offre : le jeûne, la prière et l’aumône. A la base de tout il y a la Parole de Dieu, que nous sommes invités à écouter et à méditer avec davantage d’assiduité en cette période.

Pendant cette période de 40 jours, à l’image du Christ dans le désert, les chrétiens que nous sommes devons faire grandir notre relation avec Dieu et réaliser un point sur le superflu qui encombre nos vies, pour laisser plus de place à la prière et aux autres.

Pour cela nous sommes invités à choisir au moins un « effort de carême ». Il s’agit d’un engagement que nous prenons pendant cette période pour rééquilibrer notre priorité et avancer sur le chemin de sainteté demandé par l’Église.

Le carême est donc un temps de conversion qui nous permet de nous réordonner à Dieu. Il serait erroné de penser qu’il s’agisse, avant tout, de devenir meilleur ou de déployer notre personnalité. Il s’agit de Dieu. Il s’agit de Lui donner toute la place dans notre vie afin que cette dernière soit vraiment ordonnée ou réordonnée si vous préférez.

Ne nous contentons pas d’une vie tiède, médiocre. Le Seigneur nous appelle à quelque chose de plus grand, de mieux.

D'où la pertinence de l’effort du carême qui consiste à donner à Dieu sa vraie place au détriment de notre petit confort.

Chacun de nous essaie de trouver une résolution pour rapprocher sa vie du modèle du Christ par la prière, le jeune et le partage.

Quels efforts peut-on faire au XXIe siècle ? N’essayons pas de les multiplier mais soignons en quelques-uns en veillant à nous mettre en présence de Dieu par la foi, l’espérance et la charité.

Concrètement, nous choisissons un « effort de carême » dans l’intimité de notre cœur. Inutile de s’en vanter. Mais à l’heure du choix, le risque est de tomber dans la même problématique que les bonnes résolutions de la nouvelle année. Vouloir tout révolutionner dans nos vies et prendre de nombreux engagements souvent peu réalistes. Pour éviter cela il peut s’avérer pertinent d’appliquer la technique « S.M.A.R.T : spécifique, mesurable, atteignable, réaliste, temporelle ».

C’est sans doute le meilleur moyen de choisir un petit effort tout simple pour le « Bien-Aimé » à partir du 2 mars et de le tenir jusqu’à la fin du carême… voire plus longtemps si affinité.

Chaque effort de carême doit être discerné en fonction de sa vie, de sa situation, de son cheminement.

Dans tous les cas, ces idées doivent être pour nous source de joie dans l’attente de la joie pascale comme le rappelle le Pape émérite Benoît XVI : « Le carême nous offre encore une fois l’opportunité de réfléchir sur ce qui est au cœur de la vie chrétienne : la charité. En effet, c’est un temps favorable pour renouveler, à l’aide de la Parole de Dieu et des sacrements, notre itinéraire de foi, aussi bien personnel que communautaire. C’est un cheminement marqué par la prière et le partage, par le silence et le jeûne, dans l’attente de vivre la joie pascale ».

Un dernier mot pour rappeler une exigence sur le choix de nos efforts de carême. Elle nous est donnée par Jésus lui-même, comme nous l’avons entendu lors de l’évangile du mercredi des cendres : faire tout joyeusement. Parce que le carême n’est pas un « parcours du combattant » destiné à nous en faire baver, ni un exploit sportif réalisé dans la douleur. Mais bien un don qui nous est fait ! Ce temps est un temps de grâce, pendant lequel le Seigneur – si nous savons nous rendre disponibles – sera le premier à se donner généreusement.

C’est Lui qui offrira à nos efforts leur fécondité. C’est Lui qui nous fera grandir tout au long de ces quarante jours, à travers nos petites victoires et nos relèvements. 

Bon et joyeux carême, vers la joie de Pâques !

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